Gênes, j’aime !

Un an jour pour jour après l’effondrement du pont Morandi, qui avait endeuillé Gênes et fait 43 morts, rendons hommage à la résilience de ce fier peuple. Ligurie, c’est parti !

Si Gênes est souvent éclipsée par d’autres villes comme Rome, Florence, Venise ou Milan, la cité ne manque pourtant pas de charme avec ses toits en ardoise, ses vues panoramiques plongeant dans la mer, les montagnes environnantes…

Fraîchement débarqués au Porto Antico, le premier port d’Italie qui a vu naître Christophe Colomb (du moins dans ses environs), on découvre un impressionnant melting pot. Le Galata Museo del Mare nous met tout de suite dans le bain, retraçant l’histoire du célèbre navigateur (et les zones d’ombre entourant sa famille), mais aussi celles des immigrants italiens sur les routes d’Amérique. Main-d’œuvre conciliante au Brésil dans les fazendas (plantations de café) suite à l’abolition de l’esclavage, mais aussi en Argentine et aux Etats-Unis, ces flux migratoires importants ont en partie façonné le paysage humain de ces trois pays, parfois au mépris de leur dignité. Au dernier étage, le mirador, avec vue panoramique sur le Porto Antico et le Castello Albertis, vaut le détour ! Tout comme le parc de ce dernier, qui renferme le château du grand navigateur et explorateur Enrico Alberto d’Albertis.

En redescendant par un original ascenseur-funiculaire, on est propulsé dans la via Balbi, du nom d’une riche famille de banquiers, et l’une des Strade Nuove de la ville. La capitale ligure recèle en effet de nombreux trésors, palais et églises ! Le Palazzo Reale, avec sa clinquante Galerie des Miroirs et son surprenant jardin suspendu, est une mise en bouche avant la célèbre via Garibaldi, jonchée de somptueux palais appelés Rolli auparavant « auberges de richesse » des hôtes de marque accueillis par la République de Gênes. La plupart étant aujourd’hui des banques, le point d’orgue se trouve dans la Chambre de commerce !

En déambulant à travers des ruelles, la via Vico Angeli tranche avec le faste adjacent, car si c’est sans doute un lieu d’hospitalité, c’est surtout le repaire de femmes de réconfort, à deux pas du centre touristique et ses nombreuses boutiques… Et qui juxtapose plusieurs édifices religieux, entre la basilique Santa Maria delle Vigne et la cathédrale San Lorenzo. Cette improbable balade débouche sur le Palazzo Ducale, pour un sympathique concert de piano en plein air (I notturni) dans son enceinte.

Pour digérer tout ça, retour au Porto Antico et direction la trattoria genovese Cavour 21 (« Pesto World Champion ») avec sa cuisine locale aux plats simples, frais et gourmands. Sa petite sœur Pizza Modo 21 vaut aussi le détour, le tout à prix mini (mais file d’attente maxi) ! Tout aussi authentique est le Mercato Orientale Genoa (ou MOG), où se mêlent odeurs, saveurs, couleurs et fraîcheur… Dans le rond central du MOG, on trouve même un foodcourt et un restaurant chic. Une pizza, un café, et basta !

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A deux pas de là, désormais intégré à Gênes, l’ancien village de pêcheurs Nervi offre une sympathique balade et même baignade. La Foccaceria Buon Appetito donne poliment le ton, et on poursuit vers Camogli. Sur les hauteurs de San Rocco se niche une perle : Dai Muagetti, un bar panoramique donnant sur la mer ! Les propriétaires, installés dans le tranquille Niccolo (6 habitants !), ont aussi un atelier de céramique depuis 5 ans sur Ruta di Camogli, et les passants ont la chance de siroter un café dans une tasse de leur fabrication en profitant d’une vue imprenable. Une nouvelle baignade à Punta Chiappa et un bateau nous ramène illico, à nouveau, au Porto Antico.

La suite du périple Riviera italiana (autrement dit, la Côte d’Azur transalpine) nous fait découvrir Santa Margherita Ligure et la célèbre Portofino. A part la Passegiata dei baci, promenade champêtre et romantique, le coin est rempli de touristes, de plages privées et de boutiques de luxe, sans grand intérêt donc. La rencontre en gare de Genova Principe de Noemi, pétillante employée de la Trenitalia (homologue de la SNCF), en présente bien davantage. Cette Génoise à l’anglais impeccable a en effet vécu deux ans en Australie. De bon conseil pour une visite des Cinque Terre, elle nous révèle son endroit préféré, Nessun Dorma (à Manarola), pour prendre l’aperitivo. Et recommande particulièrement l’hiver, quand les illuminations et l’absence de touristes rendent au lieu toute sa féerie… Noemi, qui avait étudié le français à l’Université mais l’a oublié au profit de l’anglais, aimerait reprendre. L’ayant un peu pratiqué avec nos compatriotes, elle préfère désormais utiliser par défaut l’anglais, refroidie par d’indélicats péquins : « la France est frontalière avec l’Italie, pourquoi ne parlez-vous pas français ? ». Sa brillante réponse : « L’Italie est frontalière avec la France, pourquoi ne parlez-vous pas italien ? »

Sur ces bonnes paroles, départ matinal pour les Cinque Terre ! Ce sont donc Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore, villages reliés par la mer (et des trains). Du monde, beaucoup de monde, mais surtout des paysages inattendus de vignes en terrasse, la mer à perte de vue, une végétation foisonnante, une randonnée ensoleillée, une baignade attendue… Et une intrigante glace miel basilic qui s’avère une franche réussite !

Ce territoire hors du commun des Cinque Terre est d’ailleurs jumelé avec Pékin. Quel rapport avec la capitale chinoise ? La longueur totale des murets en terrasse des cinq villages correspondrait à celle de la Grande Muraille de Chine. Il n’y a plus qu’à le vérifier !

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