Muraille, soldats, pandas : une cité vraiment interdite

A seulement 1h30 de Chongqing, grâce au TGV flambant neuf d’une gare qui l’est tout autant, se trouve la capitale du Sichuan, Chengdu. Dans la vieille ville aux toits typiques se cache le théâtre Jinli, où ont lieu des représentations d’ombres chinoises traditionnelles. Tout aussi populaire est l’opéra sichuanais, célèbre pour ses illusions et l’art du « Face Changing », changement très rapide de masques colorés. Le nouveau Musée de Chengdu, bâtiment ultra-moderne, permet justement d’en voir de près, ainsi que l’histoire ancienne de la ville. En s’éloignant un peu, on trouve aussi une réserve de… pandas géants !

Non loin de là, à quelques petits 750 km, la touristique Xi’an – auparavant connue sous le nom de Chang’an – nous fait remonter au temps de la Chine impériale, en tant qu’ancienne capitale durant les règnes de 13 dynasties différentes (entre -1000 et 1000 de notre ère) ! Extrémité Est de la Route de la Soie, la ville possède ainsi une importante communauté musulmane apparue au Moyen Âge, lorsque des commerçants arabes et perses sont venus par la Route. Il existe d’ailleurs plusieurs mosquées dont l’originale Grande Mosquée de style chinois – l’islam ayant particulièrement reculé durant la fameuse Révolution culturelle du Grand Timonier -, un souk, une cuisine faisant la part belle au mouton et à l’agneau… Les tours de la Cloche et du Tambour offrent un joli panorama sur la ville et un rappel historique, avant de retrouver l’impressionnante Armée de terre cuite.

Pas moins de 8000 statues de soldats et chevaux en terre cuite, représentant les troupes du premier empereur chinois Qin Shi Huang, ont été enterrées dans les fosses du mausolée de l’empereur défunt afin de protéger son passage vers l’au-delà. Visages, tenues, positions et accessoires différents, rien n’a été laissé au hasard, sachant que la nécropole fait au total près de 100 km², rien que ça…

Pour nous remettre de nos émotions, une nuit en train-couchette plus tard, et nous voilà à Pékin ! L’actuelle capitale (politique) aux 16 800 km² et 20 millions d’habitants en impose forcément – mais Paris, avec 2 millions d’habitants pour 100 km², possède ainsi une densité autrement plus importante. Au Temple du Ciel pollué, on prie. Cette enceinte sacrée construite sous le règne de la dynastie Ming servait à rendre hommage au Ciel, l’empereur étant considéré comme son « fils ». Faisant le lien avec l’autorité céleste pour préserver l’ordre sur Terre, il remerciait alors le Ciel lors de cérémonies de sacrifice pour les récoltes passées et futures. Puis direction le verdoyant et apaisant Palais d’été, demeure de la puissante impératrice Cixi, qui a dépensé des sommes considérables, y compris des fonds destinés à la Marine impériale, pour rebâtir un lieu digne d’elle. Son principal fait d’arme aura surtout été de régner sur la Chine durant près d’un demi-siècle, s’octroyant le trône par une simple ruse : en dérobant le sceau impérial, elle prive de toute valeur juridique un édit attribuant le pouvoir à d’autres. A sa majorité, son fils Tongzhi règne en apparence : elle installe en effet dans la salle du trône une tenture lui permettant de voir sans être vue. Ainsi, assise derrière le trône impérial, Cixi tire littéralement les ficelles de l’Empire derrière le rideau !

Pour digérer tout ça, goûtons le fameux canard laqué de Pékin, dont on comprend désormais aisément la renommée mondiale. Il faut bien ça avant d’attaquer la découverte de la Cité impériale et son indissociable place Tian’anmen, théâtre tristement célèbre d’une répression sanglante. En 1989, dans le cadre d’un mouvement (étudiants, ouvriers, intellectuels) réclamant moins de corruption et plus de réformes démocratiques, l’immense « Place de la Porte de la Paix Céleste » n’a jamais aussi mal porté son nom. Si on se souvient du courageux manifestant se mettant sur le chemin des chars, cette grande manifestation est violemment réprimée par le régime chinois, causant des milliers de morts, arrestations, persécutions… alors même qu’en son centre se dresse le mausolée de Mao Zedong. Allons, pénétrons dans la Cité interdite, palais impérial qui comporte selon la légende 9999 pièces. Tradition oblige, seules les divinités avaient droit à un palais de 10000 pièces, les hommes ne pouvant que s’en approcher, hop une de moins – d’autant que le 9 est chez les Chinois symbole de longévité. A partir de 1406, c’est donc 14 ans de construction, 1 million d’ouvriers réduits à l’esclavage, pour un résultat mitigé puisqu’il n’est pas permis d’entrer dans les pièces, dommage !

Un peu de repos dans un hutong, quartier résidentiel traditionnel malheureusement en voie de disparition, et c’est reparti… direction la Grande Muraille de Chine ! Construite au fil des dynasties, elle mesure ainsi 6700 km selon les syndicats, 21000 km selon la police. Pour éviter les bouchons à Badaling, on s’éloigne pour prendre l’entrée Jinshanling, bien plus difficile d’accès. Mais on est vite récompensé par la rencontre de presque personne sur notre parcours. Un ciel bleu, un soleil rayonnant, des « dunes » (tours de guet) et montagnes à perte de vue, une douce musique sortie d’enceintes cachées, une faune présente et une flore abondante, le calme absolu… Même si le dénivelé logique est un challenge, la marche est belle et atemporelle. Et peu importe sa longueur, c’est un lieu décidément à part.

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