Bruxelles, ma belle

« Co-capitale européenne » avec Strasbourg, ville comptant avec Washington le plus de journalistes accrédités – sans compter un certain reporter et son canidé d’assistant -, Bruxelles est un lieu à part. Un petit tour en Thalys (c’est easy), et nous voici !

La Grand-Place (Grote Markt en flamand), place centrale de Bruxelles, est avec son majestueux ensemble architectural, de renommée mondiale. Lieu historique par excellence, de nombreux événements s’y sont déroulés, des martyrs protestants brûlés aux comtes décapités, sans oublier la destruction de la majorité de ses édifices suite aux bombardements de la ville par l’armée française en 1695. Autrefois également marché en plein air, maisons des corporations, c’est aujourd’hui le cœur de la ville et un lieu toujours animé : s’attabler en terrasse, déguster une carbonnade et un waterzooï aux fameuses frites, le tout accompagné d’une bière locale, en finissant par une gaufre… Voilà un hommage gourmand qui permet d’apprécier la vue de l’immense sapin trônant au centre et d’un spectacle son et lumière voyageant le long des façades de célèbres édifices (Hôtel de Ville, Maison du Roi…). Impossible n’étant décidément pas belge, une webcam permet même de voir, en direct et en continu, la vie de la Grand-Place.
Non loin de là se trouve l’incarnation de l’irrévérence : un petit garçon, dans son plus simple appareil, urine non-stop à la vue de tous. Du haut de ses 55,5 cm, Manneken-Pis (de son vrai nom Menneke Pis) pisse (parfois de la bière) sur le monde ! L’humour belge se portant bien, il possède sa propre garde-robe, ses pendants féminin Jeanneke Pis et canin Zinneke Pis étant créés par la suite.
Au détour de BD sur fresques murales, la rue Neuve, la plus commerçante et fréquentée de Bruxelles, apparaît avec sa foule et ses innombrables boutiques. Rue la plus chère de la capitale et de la version belge du Monopoly, on décide de passer notre tour. La rue Sainte-Catherine, également très courue, s’illumine de mille feux dans le cadre des Plaisirs d’hiver : c’est en effet le théâtre du principal Marché de Noël avec Grande-Roue, dômes, patinoire et autres délices aussi gras que sucrés. Marché toujours, celui du Midi, le 3e plus grand d’Europe, s’étend tout autour de la gare éponyme, et il faut s’armer de patience pour en faire le tour !
Fuyons cette foule et retrouvons nos quartiers à Forest, au calme avec ses 69,5 hectares d’espaces verts, et admirons simplement les poules gratter la terre en savourant des chocolats artisanaux signés Jérôme Grimonpon… Le Cauri Bar, restaurant africain à deux pas de là, nous fait voyager avec générosité. Le corps et l’esprit rechargés, direction l’Atomium, symbole (Fe) de Bruxelles à l’occasion de son exposition universelle de 1958,  prouesse architecturale (mais pas forcément esthétique) qui représente une molécule de fer agrandie 165 milliards de fois. C’est une autre exposition qui nous intéresse, en route pour notre Temple du Soleil !
Au Centre Belge de la Bande Dessinée donc, le 9e art est à l’honneur ! Un clin d’œil à Tintin, avec la réplique des escaliers du Château de Moulinsart et sa marche cassée, nous fait tout de suite entrer dans le bain. Après une introduction à l’invention et à l’art de la BD – du processus de création à l’éventail des genres constituant la production européenne -, on débarque dans l’univers de Peyo (dérivé de Pierre car mal prononcé par un jeune cousin) et au village des Schtroumpfs ! Mais aussi du chat Poussy (sa première création), du petit mais costaud Benoît Brisefer et du duo médiéval Johan et Pirlouit, qui serviront donc de première rencontre entre les petits hommes bleus et le grand public. Cet acharné du travail rencontrera Morris et Franquin, rentrera grâce à ce dernier au journal Spirou, ouvrira son propre studio et emmènera même ses Schtroumpfs en Amérique ! Hergé a aussi droit à son petit espace, mais il a surtout son propre musée.
Puis on célèbre les 60 ans de Boule et Bill, dont l’agent 22 créé par Roba et qui inspirera Cauvin pour son Agent 212. Mention spéciale pour le subversif Boerke / Dickie aux trépidantes aventures, et surtout à Pico Bogue ! Cette BD à la fois poétique, pédagogique, philosophique et humoristique est née d’un duo mère-fils (Dominique Roques et Alexis Dormal) détonant. Son nom vient d’ailleurs de la bogue de châtaigne : piquant dehors, tendre à l’intérieur. Un vrai régal.
Après cette belle escapade dessinée, on monte dans le Train World, à Schaerbeek, commune de Bruxelles qui a vu naître Brel et Roba. Le musée de la Société nationale des chemins de fer belges nous apprend notamment que ce réseau ferroviaire est le plus ancien d’Europe, qu’il s’est étendu à un train d’enfer, et que la SNCB a dû nationaliser ces chemins en raison des récurrentes pertes financières des compagnies privées. Le parcours reliant les Gares du Midi et du Nord représente quant à lui la jonction ferroviaire souterraine la plus fréquentée au monde. On voyage ensuite dans l’histoire du célèbre Orient-Express, créé par l’ingénieur belge Georges Nagelmackers, de retour des USA et émerveillé par leurs trains couchette. Tout au long du trajet, Delvaux, artiste obsédé par les trains et par les femmes (nues), sera là. Tiens, une cargaison de boîtes de crabe en vue ?
A Ixelles, « demeure aux aulnes » multiculturelle, on trouve aussi bien des quartiers chics et branchés que Matongé (prononcer « Mato’ngué »), qui abrite la communauté congolaise, produit des anciennes colonies belges. Chez Indian Flavour, même les plats sont XL ! Pour digérer, le Parc de Bruxelles, havre de paix, arrive à point nommé. Avant un nouveau grand voyage à travers l’Europe : Parlamentarium ! Aussi ludique qu’instructif, ce lieu virtuel et interactif revient sur les visionnaires et les grandes dates de l’histoire de l’Europe, ainsi que le fonctionnement du Parlement européen et l’impact de ses décisions sur la vie quotidienne de plus d’un demi-milliard de citoyens.
Petite détente au cosy Café Novo et sa cuisine gourmande (mention spéciale pour ses linguine aux scampis) avant d’attaquer sereinement le petit musée d’un grand monsieur de la chanson francophone : la Fondation Brel. Dans un cadre intimiste, on retrace la vie d’un élève médiocre au parcours incroyable, qui a échappé de peu à un avenir en carton dans l’entreprise familiale. Songeant à une reconversion en tant qu’éleveur de poules, cordonnier ou chanteur, ce dernier choix lui ouvrira les portes d’une existence à cent à l’heure. L’homme ne sait pas mentir à son public, vomit avant chaque montée sur scène, vit véritablement ses chansons et offre de saisissantes prestations…
« C’est marrant, personne n’a voulu que je débute et personne ne veut que je m’arrête ! » dira-t-il malicieusement. Et en cette Saint-Sylvestre, passage furtif de France, la 2e fille du regretté Brel, avant sa dernière entrée sur scène de l’année, c’est le lever de rideau !
Comme le grand Jacques, notre hôte Anna a choisi de vivre intensément. Née dans un avion entre l’Italie et le Venezuela – merci les voyages gratis et illimités jusqu’à ses 25 ans avec la compagnie ! -, elle est de nationalité vénézuélienne par son père (marine marchande), italienne par sa mère, (d’origine) amérindienne par une grand-mère et même belge, octroyée suite à de bons et loyaux services de soin et d’accompagnement auprès d’une personne importante.
Très tôt, son goût des autres et du voyage l’emmène aux quatre coins du monde. A 18 ans, sur le point de quitter le Vietnam, elle entend des cris de bébé… sous terre ! En creusant les décombres avec ses mains, elle découvre un nourrisson de 4 mois enseveli mais lové dans les bras de sa mère, qui elle n’a pas survécu. Demandant ce qui allait advenir du bébé rescapé (il aurait une tante quelque part ?), on lui propose finalement, contre une simple signature, de l’adopter ! A peine majeure, elle rentrera donc en Europe avec un poupon dans les bras, qui grandira avec elle en Angleterre et y vit encore aujourd’hui, informaticien qu’il est. Puis, elle a vécu deux ans de méditation silencieuse dans un ashram en Inde, à Paris et même en Savoie, dans une maison faite de récupération, avec sa fille et 30 chèvres !
Oui, Anna a la bougeotte, et cette amoureuse des langues en pratique plusieurs. Pour ne pas les perdre, elle regarde notamment des séries en VO sur Netflix ! Elle ignore pourquoi mais a beaucoup de tendresse pour le Cambodge, de manière générale pour l’esprit zen asiatique, et aimerait découvrir le Japon. Toujours positive, même dans les moments difficiles, elle a pris chaque « claque » comme une expérience. Elle a d’ailleurs vaincu un cancer – juste avant son opération, redoutant d’y passer, elle a fait manucure, pédicure et coupe pour être une dernière fois présentable au cas où -, l’hôpital s’en souvient encore… Aujourd’hui, du haut de ses 67 ans, elle ne compte pas s’arrêter là ! Alors, bon vent !

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