Ils sont fous ces Romains !

C’è un’ape che si posa su un bottone di rosa: lo succhia e se ne va. Tutto sommato, la felicità è una piccola cosa. Comme le poète Trilussa, nous pensons que le bonheur est une chose simple. Ça tombe bien, tous les chemins mènent à Rome, paraît-il. C’est le moment de le vérifier, alors andiamo !

Fraîchement débarqués dans la capitale italienne, on fonce au Musée du Vatican pour la dernière visite nocturne de l’année, et on se faufile grâce au coupe-file. Le bâtiment est imposant, la Cité du Vatican réalisant le miracle d’être à la fois le plus petit Etat du monde et surtout le plus riche – merci la mafia et les scandales à tout va, le blanchiment d’argent et les paradis fiscaux, les objets historiques et les actions cotées, les « dons » et les réserves d’or… A l’intérieur, on admire ce colossal défi architectural, ces salles et ces œuvres à n’en plus finir. L’art prosélyte côtoie de trop rares bijoux… jusqu’à la célèbre Chapelle Sixtine. On se tord le cou à regarder au plafond ces immenses fresques, fruit d’une collaboration involontaire entre la Divine Comédie de Dante et la talent de Michel-Ange. Au final, une réelle performance artistique mais un contenu historico-réaliste discutable.

L’aventure se poursuit sur la Piazza Venezia, qui réalise l’exploit de briller de mille feux nuit et jour, abritant également la Louve capitoline. Visitant la Chiesa di Santa Maria, on tombe sur une cérémonie pour le moins solennelle avec tenues traditionnelles : tiens, un mariage à l’italienne. Le bain de foule proposé à l’entrée du Colisée n’étant pas particulièrement invitant, nous nous rabattons sur le Musée Palatin (d’où le terme « palace ») et ses alentours, où trônent encore de belles ruines. Retour au Colosseo, de son vrai nom Amphithéâtre Flavien, énorme édifice de spectacle et symbole de la Rome antique : miracle, quasi-plus de foule ! Mais après les arènes de Nîmes et d’Arles, celui-ci me laisse un peu de marbre… Un petit tour par le Forum romain et retour à la maison pour un sommeil réparateur.

Enfin, le réparateur, il va falloir l’appeler car c’était sans compter les secousses sismiques qui agitent le Nord de la capitale dont nous avons pu ressentir les répliques : entre les lits se balançant, les lustres jouant à Tarzan et les tableaux offrant de nouvelles perspectives, quel réveil mouvementé ! Cela ne présage rien de bon, ce qui se confirme en débarquant à la Basilique Saint-Pierre, sorte de pèlerinage chrétien version Disneyland. Files d’attente dignes d’un concert de variété pour stars en déclin de popularité, accès VIP pour certains – si si, je vous jure ! Sont-ils un plus près du ciel (ou des étoiles, dirait Gold) ? Ou bien leur argent bénit, puisqu’on peut bien changer l’eau en (pot-de-)vin, paraît-il -, portiques de sécurité avec fouille corporelle pour certains (mais pourtant pas nécessairement la foule de robes démodées vintage soutanes et/ou de voiles, dissimulant tout sauf les croix), vigiles rhabilleurs pour qui a le malheur de montrer un peu de peau… de chagrin. En short et T-shirt, j’entrerai tout de même sans encombres, personne n’est donc omniscient. A l’intérieur, du faste, du faste et du faste (plus que l’ancienne demeure papale, Palais des Papes d’Avignon). Des boutiques souvenirs aussi, où les objets manufacturés s’entassent et virevoltent dans les mains des fidèles, des boules de Noël « données » 18€ pièce aux cartes postales et bijoux « bénis » en passant par des statuettes peu rassurantes et autres chinoiseries offertes à un sacré prix. Business is business.

Juste à côté de tout ce beau monde bien affrété, bienheureux et aux belles valeurs, une autre réalité coexiste : celle des Bengladeshis vendant désespérément des perches à selfie. L’un d’entre eux, à Rome depuis 14 ans, m’explique qu’il en vend une dizaine par jour, terrible reflet du narcissisme humain et à mille lieues d’une détresse pourtant également humaine. Bracelets et figurines sont autant d’attrape-touristes de mauvaise qualité : en offrir pour survivre, et alpaguer les passants pour refourguer leur camelote constitue leur maigre gagne-pain, mais surtout leur triste quotidien.

Beaucoup plus gai est le pittoresque quartier Trastevere, « au-delà du Tibre »,  fréquenté pour ses ruelles colorées, artisans, commerçants et trattorias. Sur la Piazza Santa Maria di Trastevere et à deux pas de la très ancienne basilique éponyme (et de son énième messe), des artistes animent la rue et réjouissent le cœur des passants. Musiciens, faiseuse de bulles et cracheuse de feu enchantent les petits et les grands. Un petit bistrot bio et local nous restaure de lasagne et raviolis, arrosés de vin et de bière.

La célèbre Piazza di Spagna et son mini Sacré-Coeur nous permettent de retrouver de la famille près de la Piazza del Popolo et son obélisque, sur la route de la Via del Corso, formant avec la Via del Babuino et la Via di Ripetta le fameux « Tridente ». Après une interminable fournée de pizzas, les originales glaces artisanales de Fatamorgana (basilic, noisette, miel, sambuco !) finissent de nous régaler les papilles ! Puis visite « d’Oncle Pierre » à Rebibbia, qui nous livre une tradition romaine dans les quartiers populaires : à son époque, après manger, les gens allaient boire du vin dans les bistrots et y restaient toute la journée pour passer le temps (toujours d’actualité, les lieux s’étant diversifiés).

Le temps, justement, c’est l’heure de le remonter pour un voyage de presque 20 siècles en arrière ! Atterrissage à la Villa Adriana de Tivoli pour une visite dans la Rome antique : palais impérial, temple, théâtre, Canope, habitations, bibliothèque, thermes, cours d’eau, jardin, lieux de culte… Gloire à l’empereur Hadrien ! Puis, retour vers le futur et vers la Chiesa San Paolo pour le fameux opéra de Verdi : La Traviata ! Une histoire d’amour impossible, des airs connus, la voix incroyable de la soprano… sublimée par l’acoustique particulière de la bâtisse.

A peine remis de nos émotions, on s’en reprend une vague avec la Fontaine de Trevi. Les portes de la Villa Borghese nous restant closes en raison d’un système de réservation bancal, nous irons nous réconforter au Petrolini en compagnie de Federico et Erica. Au menu concocté par leurs amis restaurateurs, c’est bruschetta alla romana, trio de pasta et dessert au chocolat. Partiellement détruite par un séisme, Amatrice est aussi réputée pour sa sauce alla amatriciana. Les pâtes que nous dégusterons auront ainsi un goût d’hommage.

Si fueris Romae, Romano vivito more, si fueris alibi, vivito sicut ibi. Si tu es à Rome, vis comme les Romains, si tu es ailleurs, vis comme on y vit. Arrivederci !

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