Japon, du Nord au Sud – 1

Qui dit Corée, dit Japon (comment ça, pas logique ?). Après avoir manqué de rater notre avion, Konnichiwa au Pays du soleil levant, mais pas une minute à perdre. Pour nos premiers pas dans la rugueuse Hokkaido, nous avons rendez-vous à Asahikawa où une navette doit nous amener à Sounkyo, notre première étape.

D’abord, récupérer le Japan Rail Pass, billet pour étrangers permettant de voyager à travers le pays, en illimité sur une période donnée, dans la plupart des trains JR, certains bus et même ferrys. Simple formalité donc… C’était sans compter sur la horde de Chinois profitant du nouvel an pour partir en vacances, dixit l’employée un peu gênée en nous tendant nos précieux sésames, non sans avoir auparavant pris un ticket et notre mal en patience. Voyant l’heure tourner dangereusement, on lui parle de notre impératif horaire. « Aucun problème, un train pour Sapporo part dans moins de 5 minutes, puis vous en prendrez un autre en direction d’Asahikawa, qui lui devrait arriver 5 minutes avant votre rendez-vous ». La Japan Rail Company ou « SNCF japonaise » étant, contrairement à son homologue français, connue dans le monde entier pour sa légendaire ponctualité, on se dit qu’on aura enfin un peu de repos. De courte durée, puisqu’après seulement deux stations, arrêt inopiné, police inspectant le train, attente à durée indéterminée… adieu, bus magique ! Et revoilà les fantômes de la SNCF et de la RATP

Dans le train pour Asahikawa, mon voisin, constatant notre désarroi, propose gentiment son aide et son PC portable (arigato gozaimasu !). Comme je comprends aussi bien le japonais que lui l’anglais, on s’en remet à Internet pour éviter Lost in Translation. Commercial dans le matériel dentaire à travers tout le Japon, Masaki passe sa vie sur les routes, revenant de Tokyo dont il est parti le matin même depuis sa région d’Hokkaido ! Il nous alerte alors sur les conditions hivernales pour le moins difficiles : un train a dû s’arrêter entre deux stations et n’a pu repartir que le lendemain (euh, et les passagers ?). Pire, l’un de ses couples d’amis a eu un accident de voiture vers Sounkyo, l’épouse étant depuis gravement blessée… Rassurant ! Finalement, un bus, deux heures de tempête de neige et exactement 54 arrêts plus tard, nous voici arrivés à destination. Dans cette petite ville perdue dans les montagnes se tient en effet le Sounkyo Ice Fall Festival, dont les magnifiques grottes de glace aux centaines de stalactites brillent de mille feux, tout comme ceux d’artifice. La rudesse de l’hiver trouve ici un équilibre : contre le froid glacial du Grand Nord, la chaleur des habitants. Nous regagnons notre chambre à la japonaise (ryokan), qui comprend futon et yukata traditionnel ! Ce dernier est d’une grande utilité pour vivre l’expérience unique de l’onsen, bain public réputé pour ses sources chaudes naturelles.

En extérieur avec vue sur la montagne, avec pour seuls compagnons la vapeur dansante et les pierres frémissantes, tandis que le vent fait valser les flocons tel un blanc ballet… Tout, cimes des arbres comme toits des maisons, est recouvert d’un manteau ivoirin. Ici, le silence est roi, la nature reprend ses droits. Jamais je n’ai autant désiré que ce moment d’extase et d’émerveillement, entre contemplation et relaxation, continue à jamais.

A Sapporo, des ramens (bouillon sauce soja) et une bière éponyme se chargent de nous réconforter, tout comme la visite nocturne du parc Goryokaku à Hakodate. Gare au verglas : on ira même aider à débloquer un bus pris dans les rails de notre tram. Un tour en Shinkansen plus tard – avec onigiri et dorayaki comme ce sera désormais le cas à chaque fois –, et c’est Tokyo !

L’improbable carrefour de Shibuya, souvent représenté au cinéma pour sa foule, vaut effectivement le détour. Comble de ce flux humain incessant : sa popularité est telle qu’il attire de nombreux touristes venus immortaliser la scène (coucou, premier étage du Starbucks) ou juste halluciner, ajoutant encore davantage de monde dans un lieu qui n’en manque pas ! Histoire de souffler un peu, prenons de la hauteur dans la tour d’observation panoramique du Tokyo Met Goverment building, depuis laquelle la vue rappelle New York. Puis, notre balade dans le branché quartier de Shinjuku est  l’occasion de retrouver nos amis David et Bianca, qu’on avait laissés l’été dernier au Canada, dans le touristique et mal famé Golden Gai pour un bon dîner chez Niboshi Ramen Nagi. La longue file d’attente dans la ruelle d’une ruelle ne présage rien de que du bon. A l’intérieur, huit places assises au comptoir, des plats relativement simples mais préparés devant soi, et un bouillon qui réchauffe bien. Surtout avec une certaine bouteille de Brouilly « Pisse Vieille ». Encore faim ? Direction le Tokyo Rhodi Club, restaurant népalais au personnel aussi chaleureux que sa cuisine est savoureuse (mention spéciale à sa pizza cheese nan !), le tout à un prix indécemment abordable. Pour finir, on savoure un dorayaki à l’anko (pâte de haricot rouge), aux bons souvenirs de l’émouvant film Les délices de Tokyo.

Il faut bien cela avant d’embarquer pour le fameux Musée Ghibli, à Mitaka. Les billets sont un calvaire à réserver en ligne et partent chaque mois en quelques minutes, avec des serveurs web constamment saturés tant les gens du monde entier sont nombreux à vouloir visiter, mais on comprend vite cet engouement. Ce lieu, ni musée ni parc d’attraction, réussit l’exploit de nous faire retrouver notre âme d’enfant en gardant nos yeux d’adulte, le tout sans artifices ni déguisements. En plus d’en apprendre plus sur le processus de création, de voyager avec un nouveau court-métrage, d’envier les bambins s’amusant dans le Catbus (en peluche) de Mon voisin Totoro, d’apprécier la nature avec le robot du Château dans le Ciel, on retrouve l’appétit avec l’exposition « Delicious! ». L’occasion de déguster d’heureux souvenirs issus du Voyage de Chihiro, du Château dans le Ciel/Ambulant, de Princesse Mononoké, de Totoro ou encore de Kiki la petite sorcière. Cela rappelle également le manque vital de nourriture dans le Tombeau des Lucioles *du désormais regretté Isao Takahata… De retour en ville, Hayao Miyazaki nous poursuit jusqu’au Shiodome avec sa NI-TELE Really BIG Clock, véritable attraction qu’on pourrait croire tout droit sortie du Château ambulant.

Un tour à Yoyogi Park et son touristique sanctuaire Meiji-ju, un autre chez First Kitchen, fast food à la japonaise (c’est-à-dire de qualité) et en route vers Osaka. Contrairement aux working suits et autres uniformes de Tokyo donnant lieu à des tenues très excentriques hors cadre professionnel/scolaire (une manière d’exister ?), la mode est ici plus décontractée, tout comme l’ambiance jazzy du bar Donna Lee et l’inévitable onsen de minuit.

Dans le train Hikari pour Hakata, mon jeune voisin Masaki (encore un), lycéen osakajin passant des concours d’entrée à l’université de Kyushu pour étudier les arts, me parle de sa passion pour le dessin et la peinture, les mangas et… le football (fan d’Antoine Griezmann). Ayant voyagé en Corée du Sud et en Australie, il ne connaît en revanche pas le Sud du Japon, ce sera donc comme pour nous une première ! Comme nous échangeons sur les langues, il nous prévient de la spécificité de la langue japonaise, constituée de trois alphabets : hiragana (japonais), katakana (étranger) et kanji (chinois) ! Suite

 

 

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