Le déjeuner au bureau, ça vire parfois à la confrontation France-Québec. Surtout quand il s’agit de prononciation. Inutile de préciser que j’étais donc de la partie.

Nous discutons tranquillement de voyage lorsque survient le drame : je mets involontairement le feu aux poudres en larguant une bombe nommée « Bostonne ». Tous les regards se tournent alors dans ma direction : « mais non, on dit ‘Boston’ ! », me répond-on à l’unisson. Bon, comment s’y prend-on pour changer l’opinion de six trublions, et ce, sans hausser le ton ? Testons.

Devant mon interrogation – l’anglais québécois est pourtant plus proche de l’anglo-saxon que celui des Français -, on m’explique, flattés, qu’ici, la tendance est à la francisation. Voyons… titillons-les un peu et posons cette question : « alors dit-on ‘New York’ ou ‘Nouveau York’ ? » Le premier étant évidemment cité, poursuivons. « Texasse » ou « Texa » ? Idem. Prenant la balle au rebond : « Mais on prononce pourtant bien ‘Edmontonne’ et non ‘Edmonton’ ? et puis ‘Monctonne’ et non ‘Moncton’ ? et ‘Djaspeur’ et non ‘Jasper’ ? » Long silence.

Avant leur réaction : « Ah ben mince c’est vrai, c’est le Français qui a raison… Oh non, à cause de toi maintenant on va dire ‘Bostonne’ ! » Ne me remerciez pas, c’est tout naturel.

Avec tous ces « on », j’ai hâte d’aller à Boston, quelle que soit sa prononciation !