Quoi, des amis se marient ? Où ça, à Paris, Torcy, Annecy ? Hein, en Serbie ?! Soit, le temps d’emporter quelques habits, et c’est parti !
Plus grand pays issu de l’ex-Yougoslavie par sa superficie et sa population, la Serbie est le témoin d’un passé mouvementé, façonné par des conflits souvent armés au carrefour de l’Orient et de l’Occident. Composée au départ de différents peuples des Balkans (Thraces, Valaques, Illyriens, Grecs, etc.) et de tribus slaves attachés au culte des ancêtres, elle voit les Celtes et les Romains arriver, puis une évangélisation remplacer le « paganisme » par le christianisme (Église orthodoxe), et un Empire serbe (médiéval) se constitue à la fin du XIIe siècle. Ce dernier disparaît après un passage de 5 siècles sous domination ottomane, puis trouve refuge auprès de l’Empire autrichien. S’ensuit une révolte qui débouchera sur l’indépendance de la Serbie en 1878. Guerres mondiales, Yougoslavie sur fond de communisme nationaliste, désirs d’indépendance du Monténégro puis du Kosovo…
Désormais, c’est dans une Serbie relativement apaisée, portant encore les stigmates du passé mais résolument tournée vers l’avenir, qu’on déambule. Le pays est en effet officiellement candidat à l’Union européenne ! Paradoxalement, la politique de Slobodan Milosevic début 1990 ayant conduit à des sanctions économiques (coucou l’ONU) et militaires (hello l’OTAN), la Serbie n’importe ni engrais ni insecticides durant 10 ans. Ruinant les agriculteurs, ces mesures les obligent aussi à se passer d’engrais chimiques, tant et si bien qu’après la levée des sanctions, ils n’ont plus les moyens ni l’habitude de produire avec des engrais chimiques et insecticides non-biologiques… Faisant de la terre serbe la plus bio d’Europe ! Et c’est cette terre qu’on décide de fouler. Belgrade, longée par le Danube et la Save, voit ses ressources la propulser capitale d’envergure internationale, proposant une offre culturelle, artistique et architecturale considérable, en plus d’être le cœur économique du pays.
Ainsi, un tour à la Forteresse de Belgrade du parc Kalemegdan nous montre les vestiges d’un temps révolu (ville 30 fois détruite, toujours reconstruite !) et une belle vue sur la confluence des deux cours d’eau (ainsi que sur le derrière de Pobednik, dit Le Vainqueur, monument à la gloire de la libération serbe dont l’érection a suscité la polémique), tout comme son petit jardin versaillais nous permet de mieux comprendre les liens unissant le pays à la France. Tandis que le quartier bobohème Skadarlija se trouve être un carrefour culinaire et musical (« Starogradska ») plébiscité autrefois par les poètes et artistes, aujourd’hui par les touristes. Le Jedno Mesto nous ravit donc les papilles autant que l’ouïe, non sans une pivo, bière locale. Tout ceci nous ouvre l’appétit, et une balade nous emmène jusqu’à Topčider Park, connu pour ses platanes (dont un de 34m de haut), et surtout pour héberger le konak (la résidence) du prince Milos. Les maîtres des lieux ont changé, Tijana et Jordane prennent en effet possession du parc pour célébrer dignement leur union, avec des invités venus du monde entier. La pluie souhaitant jouer les trouble-fête, tous au restaurant Milosev Konak (qui date de 1834 !) pour débuter un mémorable banquet ! Au menu, un aperçu de la gastronomie serbe nous emmène dans un voyage aux influences multiples : Teleća čorba, proja, gibanica, kajmak, pršute, sarma… avant d’attaquer différentes viandes toutes plus goûteuses les unes que les autres : ražnjići, dimljeni vrat, ćevapi, Pekarski krompir… Sans oublier d’arroser le tout copieusement avec divers breuvages, mais surtout du rakija (raki ou ouzo selon le pays) ! On bouge au rythme de la musique des Balkans, du jazz et de la pop avec le Saint Louis Band. Tant et si bien que certains trouvent refuge dans les bois, d’autres préférant la compagnie des toilettes, d’autres encore les bras de Morphée, c’est à en perdre sa veste.
Après de telles festivités, repos bien mérité à deux pas (littéralement) du Parlement, tout un symbole. Et comme un autre, c’est à l’église Saint-Marc qu’on se retrouve le lendemain, pour assister au baptême orthodoxe de la mariée et de sa sœur. La chapelle étant bien trop petite, la cérémonie aura lieu… en plein milieu de l’édifice ! Après l’émotion de voir un pope s’improviser coiffeur et chanteur, après les touristes de passage qui photographient à tout va en se demandant qui sont les deux jeunes femmes au centre de l’attention, direction le Stari Beograd pour poursuivre notre découverte culinaire traditionnelle dans la joie et l’allégresse. La visite de l’église Saint-Sava, dont la magnifique chapelle contraste avec la bâtisse en travaux, mérite un vrai détour. Et si nous avions au départ prévu un tour au célèbre festival des fanfares de Guca, on finira plutôt par se balader le long de la Save, jusqu’à la tour de Zemun d’où les Belgradois ont l’habitude de contempler la ville. Roués de coups du soleil, endormis par la chaleur étouffante, on file se baigner… oui, dans la Save ! Plus précisément au lac Ada, dont la plage et le magnifique coucher de soleil nous enchantent, pendant qu’on se régale de pljeskavica, délicieux hamburger des Balkans…
Connu pour ses champions de sportifs, que ce soit au tennis (Djokovic et Ivanovic), au basketball (vice-champion du dernier Euro) ou au handball, le pays l’est aussi pour son cinéma, Emir Kusturica en tête, sans oublier ses nombreux festivals en tous genres. L’un de ces derniers attire chaque année plus de 500 000 visiteurs dans le parc Ušće (quartier moderne Novi Beograd) : le Belgrade Beer Fest ! Un événement musical international sur cinq soirées, totalement gratuit, où la bière de différents pays coule à flot (mention spéciale à la « Bernard Pivo »). Définitivement un des meilleurs moyens de réunir les régions du monde entier. Ziveli !